Message du pape pour la journée du migrant et du réfugié, tentative de synthèse (fin)

Publié le par L'oiseau sur la branche

Benoit-XVI-et-un-aborigene.jpg     Primauté du spirituel

 

     L'accueil de l'autre tel qu'il est préconisé par le pape ne va pas de soi, il s'oppose au poids en nous du vieil homme marqué par le péché. La clef du problème ne saurait donc se trouver dans la proclamation péremptoire de droits ni dans un moralisme tatillon et culpabilisant. Je me souviens avec émotion (je précise la nature de cette émotion: un agacement souriant) de ce cantique chanté à l'église: "Laisserons-nous à notre table un peu de place à l'étranger... Trouvera-t-il quand il viendra... Je ne sais plus ce qu'il était sensé trouver... Patati, patata..." Non, on ne résoudra pas le problème en demandant au gens d'être gentils, parce que ne pas l'être c'est être méchant. Ce n'est pas avec des bons sentiments qu'on résoudra le problème. 

 

     Il faut aller au fond des choses, aller au bout d'une prise de conscience: l'humanité forme une seule famille parce que les hommes sont frères dans le Christ, et ils sont frères en Christ parce que tous fils bien-aimés du Père. L'accomplissement concret de cette fraternité, c'est l'appartenance à l'église du Christ. Sortis de là, il n'y aura qu'un ersatz de fraternité, une imprécation volontariste balayée par tous les réflexes de la peur et de la xénophobie qui sont le fond de l'homme dans sa nature déchue.

 

     Il n'y a de fraternité vraie que par une commune paternité. C'est aussi simple que cela. Et il n'y aura de prise de conscience de cette fraternité que par la prise de conscience de cette paternité divine. Les problèmes posés par l'immigration ne sont  pas d'abord des problèmes  politiques. La peur et la xénophobie sont d'abord un problème spirituel. Un mot est absent de la déclaration, le mot d'évangélisation. Et pourtant, l'appel à l'évangélisation sous-tend le message. Non pas d'abord au sens d'une proclamation du Christ à l'autre, mais au sens de l'accueil en chacun de nous de l'amour du Père: "Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres" (Jn 13, 34). En d'autres termes, le problème des migrations ne peut être résolu que par une conversion en profondeur des coeurs et des intelligences. Le pape nous appelle à nous reconnaître fils du Père, sauvés en Jésus-Christ. Ce n'est pas un problème de morale ou de politique, c'est un problème de foi.  De cette conversion, de cet accueil de la grâce découleront la justice et la charité et en définitive la paix.

 

     Enfin, pour bien comprendre la portée de ce message, souvenons-nous d'une chose: ce message n'est pas un message adressé à la France pour satisfaire Nicolas ou d'autres (à ce propos allez donc lire ce qu'écrit Koz: link), c'est un message adressé au monde entier et qui ne peut envisager les particularités de telle ou telle situation. Sortons du nombrilisme le but de ce message n'est pas de dire que, in fine, tout bien réfléchi, Hortefeux a mille fois raison de faire écraser les caravanes des Roms et de les foutre dehors avec un généreux pécule de 300 euros parce que, après tout, ils n'ont qu'à vivre comme tout le monde ces cons là... (Je ne force pas le trait, c'est ce qu'on lit ici ou là sur le net)... Il ne s'agit pas plus de dire que Nicolas est très, très méchant et qu'il ira griller en enfer comme tous les fachos (ça aussi on le lit)... Les problèmes d'immigration existent en France, ils existent ailleurs: en Afrique, en Amérique, en Asie et dès lors qu'on ouvre les yeux sur ces situations, on relativise les problèmes français. Et on est moins enclin à croire que ce message écrit fin septembre l'a été pour répondre à la demande d'un président reçu début octobre...

 

     Le message est plus équilibré, il ne vise pas telle ou telle situation particulière. Il invite chacun de nous à s'interroger pour savoir s'il sait reconnaître en l'étranger un frère en Jésus-Christ. A partir de là, à chacun, en conscience, de déterminer l'attitude concrète à adopter vis à vis de ces frères parfois encombrants. (Allez, avouez, ne vous faites pas meilleurs que vous n'êtes, vous pensez comme moi; et j'ai juste dit: parfois - parce que le plus souvent l'étranger est très agréable à recevoir   -)

 

Publié dans Ethique sociale

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