François Hollande président, et maintenant?

Publié le par L'oiseau sur la branche

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La situation de la France, ce matin, est paradoxale.

   Elle a porté au pouvoir un homme sans grande envergure. Ce n’est pas lui faire injure que de le dire : il en a lui-même fait un argument de campagne: ne s’est-il pas lui-même annoncé comme un « Président normal » ? Un homme qui, jamais, ne serait parvenu où l’ont porté ses électeurs (et les abstentionnistes) sans le désarroi provoqué au PS par l’éviction abracadabrantesque de Monsieur Strauss-Kahn.

   Dois-je dire ma perplexité au soir du premier tour ? Un bloc de gauche étonnamment bas et l’annonce d’un raz de marée pro Hollande au second tour… Quelque chose, là-dedans, d’illogique, d’un peu absurde.

   Et puis ce qu’il faut bien qualifier de dévissage dans les intentions de vote dans les quinze jours qui ont suivi… Dévissage que n’ont pas enrayé le débat ni même le ralliement incompréhensible de François Bayrou ; bien au contraire. Avec un peu d’amertume, on se dit que quelques jours – ou quelques débats – de plus auraient eu raison de sa candidature. Monsieur Hollande ne voulait pas d’une victoire étriquée, c’est ce que les Français lui ont donné. Il fallait voir la figure de Madame Aubry sur le plateau de la première chaîne hier soir, pas vraiment une tête de vainqueur…

Pourquoi ?

   Comment expliquer cela ? C’est la séquence Bayrou qui nous en donne la clef. Le béarnais a mis en scène ce qui s’est passé plus ou moins consciemment dans la tête de beaucoup de Français : l’éclipse de l’intérêt de la France par la haine et le ressentiment. C’est le rejet de l’homme Sarkozy qui explique la victoire de son adversaire. Je dis « de l’homme » et non du Président, car un moment viendra, pas si lointain, où l’on rendra justice à sa détermination et à son courage. Je le dis alors que je n’ai jamais été un inconditionnel. J’y reviendrai dans les jours qui viennent.

Il n’y a pas d’adhésion au projet de Monsieur Hollande.

   Et maintenant ? La gauche ne doit pas s’illusionner sur le mouvement qui l’a porté au pouvoir. IL N’Y A PAS d’adhésion à son programme, moins encore à celui de Monsieur Mélenchon, ce dont celui-ci ne semble pas très conscient au vu de son arrogance sur le plateau de TF1 hier soir. Monsieur Hollande devrait adopter un profil bas, sous peine de le regretter très vite.

   N’en déplaise à la presse, il n’y a pas de parallèle avec 1981. En 1981, la France se donnait à un homme qui lui avait fait briller les yeux. Elle l’a refait en 2007. En 2012, la France ressemble à une femme déçue qui, par dépit, se jette dans les bras du premier venu.

   Si François Hollande ne sait pas voir cela, lui et, hélas, la France, iront vers des jours douloureux… Quand bien même il le verrait, saura-t-il, aura-t-il la force de caractère pour mener la politique qui s’impose ?

   Monsieur Hollande - dont beaucoup me disent qu’il n’est pas de gauche - risque d’être prisonnier de ses promesses démagogiques, prisonnier de la surenchère mélenchoniste, de la soif de revanche de ses soutiens (17 ans qu’on attendait ça !), du sectarisme étroit de ses troupes, des revendications d’une multitude de groupes qui attendent la sacro-sainte « reconnaissance ». Le contrôle de tous les leviers du pouvoir par le PS ne risque pas d'arranger les choses. La presse ne va pas l’aider à voir la situation en France, elle est elle-même aveuglée par l’idéologie et plus encore la haine de la droite et… hélas… de la France.

   Alors, maintenant ? Une amie hier soir confiait à une autre amie avoir « voté Hollande » et se demander après coup si c’était vraiment ce qu’il y avait à faire en période de crise… Beaucoup de Français se poseront cette question dans les jours et les semaines qui viennent. Cela tombe bien, ils auront bientôt à élire des députés. Si la droite parlementaire et le centre savent rester unis, les Français pourront nuancer encore le message, voire l’inverser.

Publié dans Actualité

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